Louise se définissait comme une anxieuse, venant d'une famille d'anxieux. Il était pour elle "normal" d'avoir aml. Quelques tapotements plus tard, il semble que la douleur ne soit pas si "normale" et obligatoire qu'elle le groyat...
Une amie de Louise avait entendu parler de l'EFT et m'avait demandé si je pourrais aider. Elle me dit que Louise est anxieuse au point d'en être physiquement malade. Louise a environ 25 ans.
Quand j'ai rencontré Louise, elle ne connaissait pas grand chose sur l'EFT. Son amie avait été incapable de lui expliquer (elle ne l'avait pas elle même utilisé). Elle lui avait simplement dit que ce serait peut être quelque chose qui pourrait l'aider. Louise ne voulait pas vraiment "faire de l'EFT" mais simplement savoir ce que c'était au juste.
Je lui ai fait un bref historique, lui ai donné quelques exemples de personnes que j'avais vues, tout en insistant sur le fait que TOUT LE MONDE a quelque chose à résoudre à un moment donné. Elle me dit qu'elle était d'une famille d'inquiets, et donc toujours inquiète elle-même. Je ne pense pas que le gène de l'inquiétude ait jamais été découvert, mais malheureusement, ce concept répété avait créé en elle la conviction très forte que c'était comme ça que les choses devaient être. Heureusement, l'EFT peut ouvrir de nouveaux chemins. Je lui ai aussi expliqué que 2 symptômes identiques peuvent avoir des raisons très differentes, et que donc l'important était de trouver d'où venait le problème.
Nous étions chez elle, et elle partageait une maison avec d'autres personnes. Nous étions dans une pièce que tout le monde utilise, avec ses colocataires qui rentraient et sortaient à l'improviste. Même si ils partagent tous une belle amitié, il paraissait évident que Louise n'était pas du tout décidée à parler de ses "vrais problèmes".
Le meilleur moyen d'expliquer l'EFT à un novice est d'essayer. Je lui ai demandé si elle ressentait une gêne ou une douleur physique juste à ce moment. Elle a passé plusieurs choses en revue, mais pour le moment, ce qui l'embêtait le plus était une douleur à l'épaule. Elle lui donna une intensité de 4 sur 10 (0-tout va bien, 10- c'est intenable). Je lui ai montré tous les points une fois, nous nous sommes cantonnées au raccourci pendant toute la durée de la session. Notre première série était très simple:
Même si j'ai cette douleur à l'épaule, je m'aime et je m'accepte complètement.
avec des phrases de rappel du genre : cette douleur dans mon épaule / je choisis de libérer mon épaule de cette douleur...
Quand je lui avais demandé au début, le "je m'aime et je m'accepte" n'était pas très facile à dire pour elle, mais je n'ai pas ressenti de forte résistance, j'ai ignoré le problème, elle n'en a plus reparlé. La douleur déménagea dans son cou, toujours à 4. Je la rassurai et lui expliquai que “la chasse à la douleur” est un phénomène classique. Nous avons donc refait une série, similaire à la première, cette fois sur le cou. La douleur resta cette fois dans le cou, mais descendit à 2.
La troisième série commença à s'occuper du côté émotionnel :
Même si j'ai TOUJOURS cette douleur à 2 dans mon cou, je me pardonne quoi que j'aie pu faire pour créer cette douleur, et je m'aime et je m'accepte vraiment complètement de toutes les façons.
Avec des phrases de rappel telles que : ce reste de douleur / peut-être que je suis parfois "une douleur dans le cou" / je me pardonne / je choisis de libérer cette douleur / je pardonne à mon cou...
NOTE DE TRADUCTION : cette histoire est à l'origine en anglais. L'expression "pain in the neck" (douleur dans le cou) a une double signification. D'un côté le sens de base (la douleur physique dans le cou), et d'un autre côté, l'expression décrit une personne encombrante, qui a tendance à ennuyer les autres. C'est un paramètre intéressant en EFT : notre subconscient utilise les outils à sa disposition, et la langue est un outil capital. Il est donc très important de toujours considérer l'environnement culturel de la personne avec qui on utilise l'EFT.
Elle a pris une petite minute pour évaluer la situation, recherchant sa douleur. Elle n'a pas dit que la douleur dans le cou était partie, mais par contre elle a fini par dire qu'elle ressentait une tension dans tout son corps. Mais "c'est normal, comme je suis une anxieuse, et que je suis toujours inquiète de quelque chose, je me sens toujours un peu tendue." Pour elle à ce moment, nous avions résolu sa douleur dans les épaules et le cou, et nous avions fini et elle était convaincue.
Nous avons continué à discuter du procédé et des différents points. "Ses" points semblent être sous l'œil et sous le bras, ce qui est logique, puisqu'ils sont tous les deux reliés à l'estomac, soit directement (sous l'œil) soit comme organe compagnon de la rate (sous le bras). Et le déséquilibre de ces deux énergies est connu pour se manifester en inquiétude et anxiété.
Je lui ai demandé si elle aimerait se débarrasser de cette tension qui était encore là. Elle a eu l'air surprise [dans le sens positif] de l'idée, et a dit oui. Je lui ai demandé si elle avait un souci particulier juste maintenant. Comme je la voyais hésiter fortement, je l'ai rassurée : "je n'ai pas besoin de savoir ce que c'est". Elle s'est immédiatement détendue et m'a confirmé que oui, elle avait un gros souci en ce moment. Nous l'avons appelé "ce gros souci" :-)
"Même si j'ai ce gros souci, et que ça rend mon corps tout tendu, et qu'il est toujours tendu de toutes manières, je m'aime et je m'accepte encore, et je me pardonne pour quoi que j'aie pu faire pour contribuer à cette tension"
Les phrases de rappel évoluaient comme nous faisions la série, avec par exemple: ce gros souci / mon corps est toujours raide / c'est normal / est-ce que c'est normal? / m'inquiéter ne m'aide pas / je remercie mon corps de me parler de mes soucis / je choisis de me libérer de ce gros souci / je choisis de me libérer de cette douleur / je pardonne à mon corps / je ME pardonne / je n'ai pas besoin de cette tension / je choisis de me détendre / je choisis de considérer ce souci avec calme...
Une fois encore, elle n'arrivait pas à dire comment elle se sentait. Je lui ai suggéré de se lever et de marcher pour voir si ça l'aiderait à évaluer sa douleur. Après environ 2 minutes à se tester sous toutes les coutures, elle confirma qu'elle ne sentait plus aucune tension “et tout ça rien qu'en tapotant des endroits sur le corps!". Elle prit son carnet pour noter quelques idées et l'adresse du site. Comme elle avait l'air très motivée, je lui ai suggéré d'écrire la liste de ses soucis pour pouvoir travailler sur chacun d'eux, une méthode bien connue des personnes qui font de l'EFT, sous le nom dePPP ou Procédure de Paix Personnelle.
Elle approuva quand je l'ai prévenue que sa liste pourrait remplir pas mal de pages de son carnet de poche, donc je pense qu'elle st assez familière avec ce qu'elle a besoin de résoudre. Je lui ai conseillé d'identifier des évènements précis, plutôt que des impressions générales. Il faut aussi être conscient qu'elle pouvait maintenant résoudre ses "petits soucis", mais que si elle voulait résoudre des problèmes plus profonds, une aide professionnelle pourrait être utile.
Elle avait travaillé dans une communauté l'été précédent, et se souvenait d'une femme schizophrénique, qui avait été violée par son père quand elle était enfant, et qui ressassait tous les évènements traumatisants qu'elle avait vécus, dans les détails. Louise se demandait si l'EFT pourrait l'aider. EFT pourrait effectivement l'aider, mais je me devais de préciser clairement qu'aucune maladie aussi sérieuse ne devrait être traitée sans avis médical.
En tous cas, quand nous nous sommes séparées, j'ai laissé une Louise un peu ébahie. Une nouvelle venue dans le monde de l'EFT?