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On ne peut s'attendre à une "merveille-minute" en une session dans ce cas, car il y a tellement d'aspects et d'expériences vécues à gérer. Mais Silvia utilise l'EFT de manière experte sur plusieurs aspects-clés, et, pour nous aider dans notre étude de l'EFT, elle identifie séparément pour nous les divers aspects, en mettant entre guillemets les phrases importantes de l'histoire. Ces phrases, bien sûr, se sont transformées en phrases initiales (set-up). C'est un regard de première classe sur une session initiale menée de main de maître avec une patiente sévèrement traumatisée. 

Etudiez-la bien.

Accolades,

Gary.


de Sylvia Hartmann-Kent

J

'ai vu une cliente cette semaine qui présentait un certain nombre de problèmes physiques ainsi qu'une somme considérable de problèmes personnels tels que manque de confiance en soi, sentiment de malaise général, attaques de panique, agoraphobie et bien d'autres.

Elle m'a immédiatement dit que ça avait commencé avec la naissance de son fils, qui a maintenant 24 ans, et que l'expérience avait été si traumatisante qu'elle n'avait tout simplement plus jamais été la même depuis.

J'ai décidé d'utiliser la Technique de l'Histoire, c'est à dire de lui faire raconter toute l'histoire de l'événement traumatisant, du début à la fin, l'arrêtant pour tapoter dès que j'entendais une phrase qui présentait une ouverture. 
 
COMMENTAIRE DE GARY CRAIG: Une version de cette technique est démontrée en détails dans les vidéos du cours EFT. Voyez les sessions avec Rich et Robert sur la vidéo "6 Jours chez les vétérans".

Je me permets de préciser que ce qui suit n'est pas à lire par des âmes sensibles, et de garder à l'esprit que ce n'est pas l'histoire d'une victime de torture dans un pays du tiers monde, mais bien l'histoire d'une jeune femme tout à fait équilibrée qui rentre plutôt joyeuse à l'hôpital pour un accouchement, ce qui, après tout, est une expérience humaine des plus normales pour une femme adulte. Les phrases initiales (set-up) sur lesquelles nous avons tapoté sont issues de ce qu'elle a vécu tel qu'elle l'a raconté et sont identifiées par des guillemets dans ce message.

COMMENTAIRE DE GC : Les étudiants en EFT se doivent d'étudier ces phrases initiales en détail. Chacune représente un aspect dans ce cas.

 

A ce moment là, elle avait même fait tout ce qui lui avait été suggéré pour une grossesse en bonne santé, exerçant sa respiration, mangeant équilibré et, bien qu'un peu anxieuse bien sûr, elle était relativement confiante que tout irait pour le mieux.

La première chose qui soit arrivée fut qu'on lui mit un goutte à goutte dans le bras, et alors qu'elle tentait de protester, on lui répondit : "C'est le bébé qui est important maintenant, pas vous."

Elle a ensuite été "examinée" pendant les 3 heures qui ont suivi par une série de personnes qu'elle ne connaissait absolument pas, dont aucun ne s'est présenté, et qui faisaient des commentaires à portée de son oreille en disant que quelque chose n'allait pas, que ça allait être  "un cas pas propre", de la mettre sur "la liste des hauts risques", et ainsi de suite (chaque nouvelle phrase donnait lieu à une nouvelle série de tapotements). Pendant ce temps, son niveau d'anxiété ainsi que la douleur engendrée par les contractions qui se rapprochaient, commencèrent à empirer régulièrement, et donc quand le moment de la naissance proprement dite arriva, elle était terrifiée et pensait "Oh mon dieu, ça va horriblement mal", "Je ne peux pas supporter cette douleur" et très justement, "Ces gens-là s'en fichent complètement".

Au bout d'un moment, elle "ne pouvait plus contrôler sa panique", cette panique "se refermait autour de moi comme un sac noir" et "J'ai complètement paniqué et j'ai tout fracassé autour de moi comme une folle".

On lui disait continuellement "Arrêtez de vous donner en spectacle", "contrôlez-vous" et "vous n'êtes plus un bébé". Dans l'état où elle était à ce moment-là, terrassée par la panique et en agonie, ça n'a fait qu'ajouter à son sentiment qu'"elle faisait tout de travers".

A ce stade, ses pieds étaient attachés dans des étriers en métal qui étaient fixés au lit. "Je n'arrivais pas à croire ce qu'ils me faisaient" et "je n'avais plus aucun contrôle sur mon corps".

L'accouchement par forceps fut atroce, la tête du bébé portait des traces profondes et il fut vite enlevé de la pièce. Elle pensa à cet instant"je ne reverrai plus mon bébé vivant" et "si je n'avais pas tout mal fait, mon bébé ne mourrait pas". Personne ne prit le temps de lui expliquer ce qui se passait et "on l'ignorait comme si elle n'existait même pas".

A cause des forceps, le placenta et la membrane se sont détachés mais sont restés bloqués. Entrée en scène d'une femme indienne assez impressionnante, "qui portait un gros instrument en métal en forme de cuillère pour racler le placenta". Ca s'est passé sans aucune forme d'anesthésie et la femme lui répétait sans arrêt d'arrêter de crier, sous prétexte qu'"il y a d'autres personnes qui essayent d'accoucher dans les pièces à côté, vous savez". Se rappeler ces moments amenait une intensité émotionnelle bien au delà de l'échelle de Richter et nous avons dû ajouter des mouvements des yeux supplémentaires au moment du point de gamme, car ses yeux ne suivaient plus du tout, ses pupilles étaient complètement immobiles et dilatées dès qu'elle accédait à cette partie de ses souvenirs. Au passage, les blessures occasionnées par ce "raclage de placenta" ont causé des saignements ultérieurs et "ça a pris quatre ans à guérir".

On l'a laissée pendant environ une heure avec ses pieds toujours attachés aux étriers de métal, à part une infirmière qui est entrée et "m'a essuyée comme on nettoierait une toilette publique et avec autant de sentiment". et "juste quand on se dit que ça ne peut pas être pire", un docteur est arrivé et à commencé à la recoudre avec une grosse aiguille ronde, sans aucun analgésique, en touchant des tissus qui sont plus sensibles que la peau en temps normal, sans compter que là ils étaient contusionnés et déchirés. "J'ai cru que j'allais mourir", "J'ai demandé à Dieu de me permettre de m'évanouir, s'il vous plaît", "j'avais tellement hurlé que je n'avais plus de voix" et une fois encore "Ils se moquent complètement de ce qu'ils me font".

Quand ils l'ont finalement mise dans un lit dans le dortoir, ("Il's s'attendaient à ce que je marche", "Je voulais simplement mourir", "ils m'ont attrapée brutalement et m'ont projettée dans une chaise roulante", "La douleur était plus que je ne pouvais supporter"), elle resta allongée dans le lit et "je réalisais que je n'étais rien".

C'est à ce moment que j'ai arrêté la session, car nous avions couvert les principaux souvenirs reliés à ces événements, et bien que tous les aspects n'aient pas encore été tous complètement résolus, je sentais que nous avions fait des progrès conséquents. La cliente était épuisée et en avait fait assez selon moi; elle me dit qu'elle sentait une incroyable sensation de paix et de soulagement.

Notes & Observations:

1. J'ai aussi accouché dans des circonstances relativement similaires. Je tapotais sur les phrases avec la cliente, autant pour le support moral que pour ajouter mes intentions au processus; je suis convaincue que c'est en fait un excellent moyen d'éliminer complètement les problèmes de projection quand on travaille avec des clients, et que cela évite que les soucis du thérapeute interfèrent avec ceux du client en même temps. Cela amène une connexion profonde et permet de ressentir quand "trop c'est trop", par exemple. La cliente m'a d'ailleurs dit qu'elle appréciait énormément de de me voir le faire plutôt que d'avoir à réfléchir aux points à tapoter.

2. Durant les pires souvenirs, je lui tenais la main et tapotais moi-même sur elle avec l'autre main. Tapoter le/la client(e) vous-même plutôt que de les regarder est un moyen très puissant qui peut faire basculer les problèmes et soutenir les clients efficacement; parfois c'est en fait la seule chose qui peut amener le déclic que vous recherchez.

3. Cet événement a trop d'aspects et de répercussions pour être traité en une seule session. Au sens strict, ce n'était pas un seul événement mais une série d'événements traumatisants, l'un après l'autre, chacun ayant un impact important sur l'estime de soi de la cliente et des répercussions à long terme dans toutes sortes de domaines, de l'abondance au bonheur, de la plénitude sexuelle à la confiance en termes de relations avec les autres, jusqu'à l'attitude de la cliente envers les autorités et bien d'autres aspects encore.

J'estime que nous avons complètement éliminé environ 20% des souvenirs posant problème et réduit le reste de manière significative. Bien que généralement j'aime travailler bine plus rapidement et que j'aie tendance à viser 100% sur une seule session pour un symptôme identifié ou un groupe de symptômes clairement définis, dans ce cas, m'en tenir à cette approche me semblait un manque de respect envers la cliente et ce qu'elle avait vécu.

4. Même si j'avais eu le sentiment d'avoir traité avec succès tout ce qui avait besoin d'être traité, j'aurais quand même fait revenir la cliente pour une autre session. Dans ce cas, la question ne se posait même pas, car nous n'avons même pas commencer d'aborder ses sentiments de fureur intense envers le personel de l'hopital, envers son mari qui n'avait pas réussi à la protéger, et envers elle-même pour ne pas avoir mieux réussi à gérer la situation qu'elle ne l'avait fait, ces fureurs étant probablement les déclencheurs de ses multiples symptômes, cachées derrière les traumatismes événementiels.

J'offre cette étude de cas à toutes les femmes de cette liste, comme un rappel d'une certaine manière qu'il faut parfois regarder du côté d'événements qui sont peut-être bien au delà de notre conscience, et qui l'ont probablement été pour un nombre d'années inconnu. Cela m'a fait réaliser à quel point il est important de rechercher au niveau d'un accouchement traumatisant les changements en termes de santé, d'estime de soi et de comportement.

Je l'offre aussi aux hommes, maris et thérapeutes, comme un rappel, et pour montrer que ce qui est supposé être une étape simplement naturelle ("Après tout, tout le monde naît un jour! Vous vous en remettrez vite!") est en fait une situation qui a le potentiel d'engendrer des dégâts qui peuvent durer toute une vie, et qui est extrêmement puissante.

Ma cliente est sur le point de "s'en remettre". Après 24 années abominables. Après une vie entière d'adulte et d'opportunités ratées, de joies ratées, d'épisodes de vie ratés. Elle va aussi devoir affronter le chagrin de tout ceci, mais grâce à l'EFT, elle sera maintenant capable de se diriger vers un futur exempt de cet affreux fardeau à porter. 

Silvia Hartmann-Kent